Un huissier lyonnais innove dans le recouvrement Écrit le 29 janvier 2018.

Publié le 29 janvier 2018

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A 52 ans, Fabrice Develay vient de lancer Gcollect, une plate-forme pour faciliter le recouvrement. Cet ancien huissier de justice lyonnais s’adresse plus spécifiquement aux “oubliés” c’est-à-dire les TPE et les PME. Interview. Par Maud Guillot

Quel a été votre parcours avant de créer votre entreprise ?Fabrice Develay : Après mes études de droit à Lyon, je suis devenu huissier, en 1991. Ce qui n’avait rien à voir avec mon univers familial puisque mon père, philosophe, est un intellectuel de renom dans les sciences de l’éducation alors que ma mère était prof
d’histoire géo ! Mais le droit m’attirait… Et j’ai pratiqué ce métier pendant plus de 20 ans.

Alors pourquoi avoir vendu votre étude en 2014 ?
Il y a eu le rapport Attali et les pré-lois Macron, qui préfiguraient la fin du monopole des huissiers. Ce métier allait changer. Ce qui a été le cas : la compétence n’est plus celle de l’arrondissement judiciaire mais régionale voire nationale pour les constats.

Vous aviez peur de gagner moins d’argent…
Non, ce n’était pas un problème d’argent. Ce métier ne m’intéressait plus. En vérité, j’ai toujours eu du mal à me conformer à des règles très strictes. Je souhaitais créer et innover, sans trop me préoccuper de ce que pensaient l’Ordre ou mes confrères. Ce qui
ne m’a pas valu que des amis dans le microcosme des huissiers lyonnais ! J’étais même un peu en marge. Et puis, je ne m’éclatais plus, je ne prenais plus de plaisir à faire ce métier.

Parce qu’on peut s’éclater en recouvrant des dettes et en expulsant des locataires ?
Non, c’est tout sauf glamour. J’ai toujours eu du mal avec les expulsions locatives quand j’étais huissier. J’intervenais plutôt avec les bailleurs sociaux qui, quoi qu’on en dise, n’utilise cette solution qu’en dernier recours, au bout d’un long processus. En revanche, on peut
vraiment être inventif dans les process et les scénarii de recouvrement quand il ne s’agit pas simplement d’exécuter une décision de justice. Dès 2000, j’ai suivi une formation en programmation neuro-linguistique, ou PNL, pour avoir une approche psychologique et pas uniquement juridique. J’ai toujours favorisé la médiation, la dialogue… car devoir de l’argent n’est pas un crime.

50 ans, ce n’est pas un peu vieux pour lancer une start-up ?
Non ! J’ai toujours été entrepreneur dans l’âme. Créer une entreprise, ce n’est pas une question d’âge. J’aime réfléchir, innover, donner du sens à ce que je fais.

Alors pourquoi ne l’avez-vous pas fait avant ?
Honnêtement ? Par manque de courage. Je gagnais bien ma vie. J’avais des habitudes. Et puis, à l’arrivée de la cinquantaine, j’ai eu envie de me lancer dans le vide. Il faut dire que j’ai aussi eu de sérieux soucis professionnels qui m’ont amené à un véritable burn-out. J’étais vraiment très, très mal. Du coup, j’ai tout vendu.

Et comment avez-vous eu l’idée de votre start-up ?
Je voulais inventer un produit qui n’existe pas. J’ai eu l’idée de Gcollect, une plate-forme qui facilite le recouvrement amiable de dettes pour les artisans, les commerçants, les TPE, les professions libérales. Je me suis mis à la place de ces “oubliés” du recouvrement qui ne savent pas toujours à qui s’adresser, ni comment faire.

Mais il existe des centaines de sociétés de recouvrement…
Oui, mais ces “petits” clients imaginent que ça va leur coûter cher, que ça va être compliqué… De plus, ils ont peur de braquer leur client par des méthodes un peu trop musclées. Du coup, pour beaucoup, ils laissent tomber. Et un nombre non négligeable
d’entreprises disparaissent à cause de ces impayés !

Votre innovation réside donc dans la cible que vous visez, celle des TPE ?
Non. Gcollect n’est pas une société de recouvrement. C’est une place de marché qui met en relation des clients avec ces prestataires en recouvrement, dont huissier. Le client dépose sa facture impayée sur le site. Et un algorithme très complexe, mis au point par une société
stéphanoise, livre une “honoraire préconisé”, taux que les sociétés ou les huissiers vont choisir d’appliquer. On épargne donc au client de mettre en concurrence des prestataires pour trouver le meilleur devis.

Votre taux est donc moins cher que ceux habituellement pratiqués ?
Oui, les sociétés de recouvrement proposent des taux de minimum 15 % du montant de la facture. Les nôtres sont évidemment inférieurs… Mais pourquoi ces sociétés accepteraient-elles de travailler pour moins cher ? Parce que c’est un chiffre d’affaires supplémentaire qu’on leur amène en tant que huissier. Ce sont des clients qu’elles n’ont pas. Pour l’instant, elles ne l’ont pas compris et nous snobent un peu. En revanche, les huissiers, qui eux-aussi peuvent faire de la relance amiable, sont très demandeurs. Car ils connaissent le coût d’acquisition d’un nouveau client. Or c’est une manne qu’on leur amène.

Quels sont les critères de votre algorithme pour établir l’honoraire préconisé ? Plus le recouvrement s’annonce compliqué, plus c’est cher ?
Pas forcément. On a une quarantaine de paramètres. On tient compte par exemple du montant de la dette, de son ancienneté, du profil du débiteur c’est-à-dire si c’est un particulier ou un professionnel…

Et si personne ne veut travailler à ce tarif préconisé ?
L’algorithme propose un taux d’honoraire maximal, par exemple 20 %, et met la facture aux “enchères”. Les prestataires doivent alors faire baisser ce taux pour remporter le contrat.

Combien votre service coûte-t-il au client ?
Il doit payer un abonnement de 249 euros HT par an. Il peut alors poser autant de factures qu’il le souhaite. Il doit payer le taux d’honoraire établi pour chaque facture une fois que le prestataire en recouvrement a récupéré les fonds. Enfin, notre site prend 2,5 %, sauf dans le cas des enchères, où il y renonce.

Mais comment le client est-il sûr que le prestataire va appliquer des méthodes
correctes ?
On fait signer une charte aux prestataires pour s’assurer des bonnes pratiques. On veut privilégier la médiation. De plus, les clients pourront noter et commenter la qualité du travail des prestataires comme sur tripadvisor ou Uber.

Est-ce que c’est simple d’utilisation car ces petits patrons n’ont pas de temps à
perdre ?
Depuis janvier 2017, les numéros de siren sont en open data. Donc il suffit pour le client d’entrer son numéro de Siren, de valider son identité, de déclarer un IBAN pour récupérer les fonds et il est inscrit. Ensuite, il enverra ses éléments numérisés comme la facture par la messagerie de GCollect.

Quelle est l’ampleur du marché que vous visez, en tant que huissier ?
Les factures en retard et impayées représentent aujourd’hui 20 milliards dans l’économie française. On compte 10 millions de numéros siren. On en vise 1 %. Ce sont donc les oubliés du recouvrement mais aussi des grands comptes qui préfèrent renoncer à des petites factures et les passer en perte, plutôt que de consacrer du temps à les recouvrer.  On pourrait aussi se développer en Espagne et en Italie. Le recouvrement est universel car il n’y a pas un pays où il n’y a pas de dettes.

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